Le Carnaval de Venise fait rêver par ses costumes somptueux et son atmosphère hors du temps. Mais lorsqu’on décide de coudre soi-même sa tenue, l’enthousiasme laisse vite place aux questions pratiques : par où commencer ? combien de temps prévoir ? comment être sûr·e de finir à temps ?
J’ai moi-même traversé cette aventure pour l’édition 2025, avec son lot de réussites mais aussi d’erreurs. Ce que j’ai appris, c’est qu’un costume vénitien réussi ne dépend pas seulement du choix des tissus ou du patron… mais surtout d’une bonne organisation.
Dans cet article, je vous partage mes conseils et astuces pour transformer vos idées en un costume réussi pour le Carnaval de Venise, sans stress de dernière minute.
Pourquoi s’organiser pour coudre un costume fait main ?
Je couds depuis plus de dix ans, par passion. Je ne m’impose jamais de deadline ! J’aime aussi coudre des vêtements, donc début décembre je n’avais encore rien commencé pour le Carnaval. Je comptais sur les congés pour avancer, mais j’ai été malade (merci l’hiver). En janvier, j’ai vraiment douté de pouvoir terminer à temps.
Moralité : sans organisation, le risque est réel de partir avec un costume incomplet… voire sans costume du tout. Alors à moins de pouvoir annuler le voyage au dernier moment (ce qui serait dommage !), mieux vaut se donner les moyens d’aboutir.
Comment planifier la couture de son costume pour le Carnaval de Venise ?
Ma solution : le rétroplanning. Alors oui, le mot peut faire peur, mais c’est l’outil qui permet de se projeter et de vérifier la faisabilité du projet.
J’ai utilisé Notion, où je gère déjà mes patrons et tissus, mais une feuille de papier fonctionne très bien aussi.
Étapes clé du rétroplanning :
- Lister les costumes à réaliser (dans mon cas : le mien et celui de mon conjoint).
- Découper le costume en pièces (robe, veste, pantalon, cape, accessoires…).
- Définir les indispensables : ce qui doit absolument être prêt pour que la tenue soit satisfaisante.
- Identifier le secondaire : les détails ou finitions qui peuvent passer à la trappe en cas de manque de temps.
- Estimer le temps nécessaire pour chaque pièce.
- Placer les étapes sur le calendrier, en commençant par les plus importantes.
- Affiner/mettre à jour en fonction de l'avancement (c'est pour ça qu'une version numérique est pratique)
Mon rétroplanning couture : s’organiser pas à pas pour le carnaval
Voici comment je m’y suis prise :

Ici, chaque rectangle représente le temps imparti dédié à chaque partie des costumes. Au fur et à mesure j'ajustais. Ce vous voyez là est le temps qui a été réellement consacré. On constate que j'ai tout enchainé pour finir sur le fil ! Voyons plus en détail comment tout cela a pris forme.
Coudre une robe vénitienne pour le Carnaval
Etape 1 : Le buste de la robe

J’ai commencé par la robe (ce patron MC 6097) , que je pensais la plus technique. J'ai d'abord fait un test du buste dans un vieux tissu avant de couper dans le tissu final. Cette étape permet de valider que la taille est bonne. Je n'ai pas modifié grand chose du patron, j'ai simplement ajouté de la dentelle à l'intérieur des manches.
Ce que je retiens de la couture de cette première partie du costume :
- Poser des œillets c'est périlleux, encore plus dans les épaisseurs (les bandes étaient doublées dans du molleton). Il existe des bandes d'œillets toutes faites : gain de temps et de solidité.
- Coudre le galon, à la machine oui mais pas avec du fil à plusieurs brins (il a cassé plein de fois) !
- Système D pour les épaulettes improvisées avec de vieux bonnets de soutien-gorge, validé.



Etape 2 : La jupe de la robe
Pour la jupe, j’ai commencé par une erreur de découpe (un pan coupé dans le mauvais sens). Heureusement, ça n’a pas eu trop de conséquences.
Le vrai défi venait du tissu : le brocart matelassé rendait le tombé très raide. J’ai même choisi de supprimer les fronces de la partie contrastante pour alléger l’ensemble.
À ce stade j'étais mitigée mais j'avais bon espoir que ça rende mieux avec la crinoline!
Concernant la crinoline, pendant un instant, j’ai envisagé de la confectionner moi-même… avant de réaliser l’investissement en temps que cela représentait. Pour un élément caché, le jeu n’en valait pas la chandelle.
J’ai donc opté pour une version prête à l’emploi. Quant à la traîne, j’ai dû y renoncer : trop peu de tissu, et elle ne se prêtait pas vraiment à l’ensemble.
Quinze jours plus tard, cap sur le costume homme !

Coudre un costume homme pour le Carnaval de Venise (style Casanova)
Le patron de déguisement Casanova Burda prévoyait une veste, un veston et un pantalon. Il était pile poile dans le thème de l'édition du carnaval de Venise 2025 !
Etape 1 : Le veston court en brocart de soie
J'ai commencé par le veston en raccourcissant la longueur. Comme il sera un peu caché, j'ai choisi de le faire avec le brocart de soie. J'ai voulu le doubler mais ce fut une très mauvaise idée car le tissu de base est déjà assez épais car molletonné. Bref, une fois n'est pas coutume, j'ai décousu la doublure. Ah si et j'ai essayé de soigner les raccords : pari réussi bien qu'une fois la veste ajoutée on ne distingue plus tellement cette prouesse!




Etape 2 : Le pantalon en velours, inspiration 18ème

Je me suis ensuite attaquée au pantalon ! Sur le papier il est plutôt simple, la braguette représente l'unique difficulté. Encore une fois, j'ai fait une toile pour vérifier la taille puis je me suis lancée. Je n'avais pas de braguette noire, j'en ai mis une violette. Résultat bof: je l'ai mal posée et du coup elle dépassait un peu.
En même temps, à force de regarder les pantalons d'époque, j'étais de plus en plus tentée d'adapter le patron j'ai donc décousu ma braguette qui de toutes façons était bien moche, et j'ai bricolé une ouverture comme à l'époque.
J'ai bien galéré et en même temps je me dis que je voyais mal comment j'aurais fait ce système de fermeture directement. Là j'ai creusé un "triangle" un peu en dessous de la ceinture. Puis un rabat fermé avec des boutons dorés vient cacher le tout, ce qui donne l'impression d'un pantalon à pont.
Ah, si le velours noir était assez épais donc par endroits la machine a eu un peu de mal, notamment pour la boutonnière de la ceinture. Et pour finir, la dernière touche fut de supprimer les nœuds prévus au bas, par une fermeture à boutons dorés.

Etape 3 : La veste longue à revers contrastants

La veste a eu aussi son lot de surprises. Les points complexes sont :
- la poche à rabat
- la dentelle à intégrer au niveau des manches doublées (qui ont un revers contrastant)
- la pose du galon doré
Et dans la vraie vie j'ai réussi à douter du positionnement des manches que j'ai d'abord cru avoir inversées... Je les ai décousues pour finalement me rendre compte qu'initialement c'était bon.

Le galon a ensuite été appliqué tout autour de la veste avec de la colle spéciale tissu. La seule difficulté pour la poche a été de positionner le galon de façon esthétique et de penser à le prendre dans la couture du rabat.



Ajouter les codes des costumes vénitiens : cape et jabots
Une fois les tenues globales sécurisées (ouf !), j’ai attaqué les éléments typiques du Carnaval : ma cape et les jabots.

La cape (patron Butterick B4377) est simple en théorie, mais son envergure complique un peu les choses. J'ai tendance à faire le rat sur le métrage de tissus donc voyant que celle-ci nécessitait 6m de tissus je me suis dit que 4,5m seraient suffisants.
Malheureusement entre temps j'avais déjà utilisé une partie de ce sublime velours de chez Torretto Tessuti pour le pantalon homme. Donc malgré mes prouesses en Tetris et une légère adaptation de la largeur des pièces, il a fallu en recommander un morceau pour la capuche. J'ai également dû couper une partie de la cape dans le mauvais sens du tissu (à rebrousse poil) par soucis d'économie.




Le jabot n’était pas prévu dans le patron homme, cependant j’ai trouvé facilement des tutos. Il faudra revoir le système d'attache qui a tendance à se faire la malle mais sinon, cet accessoire remplit parfaitement son office!
Ajout de dernière minute à la robe vénitienne
Le patron de la robe prévoyait un joli décolleté… pas idéal pour février à Venise ! J’ai donc d’abord tenté le sous-pull couleur chair, mais la teinte ne collait pas. Je suis passée au plan B : une chemise en velours noir (avec les reste de tissu velours de la cape), avec un col inspiration jabot intégré. Problème résolu !
Bonus : le tissu en velours ne s'effilochant pas, j'ai laissé les bords à cru sans aucun scrupule !



Marqueur du de costume vénitien : le chapeau tricorne

Enfin, je me suis attaquée au tricorne de monsieur. C'est un accessoire iconique du carnaval de Venise. Sa réalisation est vraiment la partie la plus bluffante de la confection de mes costumes. En effet qui se douterait qu'il s'agit à la base d'un vulgaire chapeau H&M ?
Bien sûr, cela demande un peu d'huile de coude. Tout d'abord, le bord de mon chapeau était trop fin (8 cm, voir photo plus bas). Pour que le tricorne ait un beau rendu il faut un chapeau avec un bord de 12 cm de large minium à peu près. J'ai donc dû rusé et j'ai ajouté une bande de 5 cm de large en feutrine noire tout autour, assemblée bord à bord au point zig zag modérément serré en mode recouvreuse. Ceci afin d'éviter la surépaisseur. Alors à ce stade c'était moche mais pas de panique, j'allais tout masquer.
La feutrine noire allait être recouverte par le tissu satin bleu. Pour être parfait il aurait fallu entoiler mais là j'étais vraiment dans les derniers jours avant le départ alors je suis allée à l'essentiel. Quelques morceaux du brocart de satin ont ensuite été ajoutés pour égayer et apporter du cachet à l'ensemble.



Ensuite, il s'agissait de cacher les raccords des différentes matières : du galon doré autour du brocart de soie et un galon noir plus fin pour cacher la démarcation entre la base du chapeau et l'ajout en feutrine recouvert de satin bleu. Je voulais également poser le même galon doré tout autour du bord du chapeau mais là drame : il n'y en avait plus en stock dans le magasin ! Je me suis rabattue à regret sur du galon doré tressé plus large, néanmoins dans le même ton que le premier. Sur le coup j'étais un peu déçue mais ce fut une bonne chose finalement car j'ai plus placer ce galon tressé à cheval sur le bord, ce que je n'aurait pas pu faire avec l'autre.




Derniers conseils pour bien s’organiser et réussir son costume de carnaval
Coudre un costume pour le Carnaval de Venise est une aventure passionnante, mais cela demande une vraie préparation. Il faut prévoir du temps pour :
- choisir le style et/ou le patron,
- définir ce que l’on coud soi-même et ce qu’on achète,
- trouver et commander les fournitures (souvent rares ou en quantité limitée),
- faire des essais (parce que le premier jet n’est jamais parfait),
- adapter la tenue aux conditions météo (spoiler : il fait froid !),
- peaufiner les détails.
J’ai finalement comptabilisé environ 120 heures de couture en deux mois. J’ai terminé la veille du départ… mais j’ai réussi ! Cela peut paraître beaucoup de temps mais sachez que certaines personnes s'y prennent un an à l'avance ! D'autres améliorent leur costume d'année en année. Ce qui est certain, c'est que la prochaine fois, je m’y prendrai plus tôt pour profiter davantage du processus.

✨ Coudre son costume pour le Carnaval de Venise, c’est autant une aventure créative qu’un défi d’organisation. Avec un peu d’anticipation (et beaucoup de passion), le résultat en vaut largement la peine !

Waouh, vous êtes magnifiques !!
En voiture vêtements je suis novice et lorsque je vois votre travail, je suis impressionnée.
Félicitations
Oh merci pour votre commentaire !
Nous avons tous commencé quelque part, les projets « complexes » sont souvent découpables ou adaptables … Il faut se lancer 🙂